Montréal
(Québec) Canada
13 novembre 2003
Lettre ouverte aux participants sportifs, aux équipes et aux clubs sportifs GLBT ainsi qu'à nos parteniares et supporteurs
C'est à regret que le Comité
organisateur Rendez-Vous Montréal 2006 se voit
obligé de revenir sur les faits finaux liés à
l'échec définitif des négociations avec la FGG.
C'est par souci de transparence et de compréhension
des positions des deux parties que nous publions
cette lettre ouverte. Toutefois, soyons clairs
: nous souhaitons que ce soit la dernière fois
que nous parlions de la FGG et du passé. L'essence
du dialogue que la FGG a lancé dans les médias
ne peut engendrer que division et n'est utile
à personne. Les vrais objectifs de leadership
et de viabilité du mouvement sportif GLBT mondial,
dont assez ironiquement la FGG se proclame maintenant,
sont ignorés au profit des ragots lancés aux médias
sur le processus de négociations des VIIes Jeux
Gais. Une position intransigeante et un déni de
faire face aux vrais problèmes ont conduit à la
situation actuelle.
Ce que Montréal a essentiellement
essayé d'obtenir durant des mois de négociations
ardues avec les membres du comité de négociation
de la FGG, c'est le droit de se faire entendre
devant l'ensemble des membres de la Fédération,
soit les mêmes personnes qui avaient voté en faveur
de notre projet il y a deux ans à Johannesburg.
Les dirigeants de la FGG nous ont refusé cette
possibilité. Au lieu de nous donner ce droit reconnu
par n'importe quelle assemblée délibérante, la
FGG a choisi la scène publique comme forum pour
faire entendre les deux parties. Montréal 2006,
une fois encore, regrette profondément cette décision.
Nous croyons que la communauté mondiale du sport
GLBT mérite mieux que cela. Il est grand temps
que nous retournions toutes et tous à notre première
tâche qui est de présenter le meilleur événement
sportif et culturel mondial à la communauté sportive
gaie.
LA LONGUE ROUTE DES NÉGOCIATIONS
Le 25 octobre 2001, la FGG,
lors de son assemblée annuelle à Johannesburg,
a choisi Montréal comme ville hôte des VII
es Jeux Gais. Deux ans
et treize versions de contrats plus tard, sans
contrat de licence signé, Montréal 2006 a constaté
un problème évident. Nous avons donc fait tout
ce que nous pouvions pour arriver à un accord
qui satisfasse les deux parties et, devant l'impasse
qui perdurait, nous avons formellement demandé
une médiation puis un arbitrage, puis d'être entendus
devant l'ensemble des membres de la FGG. Toutes
ces demandes nous furent totalement refusées par
les dirigeants de la FGG. Notre nouvelle équipe
de négociation, envoyée à Chicago pour une session
finale de négociations, a dû déclarer forfait
au petit matin du dimanche 9 novembre 2003 après
15 heures d'intense débats et annoncer le refus
d'un nouveau contrat révisé présenté par la FGG,
celui-ci ne pouvant d'aucune façon permettre de
sortir de l'impasse. Personne n'a claqué la porte.
Nous étions simplement arrivés à la conclusion,
malgré tous les espoirs de dernière minute, qu'un
accord satisfaisant pour les deux parties n'était
pas possible.
Le lundi suivant, soit le 10
novembre, les membres de l'assemblée annuelle
de la FGG eurent droit, pendant une séance à huis
clos, à une « présentation de la FGG » sur toute
la situation sans qu'Équipe Montréal, membre de
la FGG depuis dix ans, et Montréal 2006 ne puissent
y participer. Cela nous est apparu déplorable
venant d'une organisation qui prétend dans sa
mission que : « Un de nos principe fondamentaux
est que toutes les activités de la Fédération
doivent être inclusive dans leur nature même et
que nul individu ne doit se voir nier sa participation..
»
Après six heures de débats à
huis clos, le coprésident de Montréal 2006, monsieur
Mark Tewksbury fut convoqué devant l'assemblée.
Il n'eût pas le droit de faire une seule déclaration
ni de poser aucune question. Son seul droit fut
de répondre, en 12 minutes, à neuf questions émanant
de l'assistance mais lues par l'un des directeurs
de la FGG. M. Tewksbury a par la suite dû quitter
la salle.
Dans ses réponses M. Tewksbury
a clairement déclaré que, même si les négociations
avaient été rompues la veille, Montréal 2006 remettait
de l'avant comme offre finale le projet de contrat
de licence version 13, le plan révisé de sa candidature.
Si celle-ci n'était pas acceptée avant 17 h 30
le même jour, Montréal 2006 et la FGG devraient
choisir des voies différentes. Il fut aussi clairement
établi, comme les négociations étaient terminées,
que Montréal 2006 n'accepterait aucune nouvelle
proposition, y compris la version 13.5 qui avait
été déposée dans la nuit de samedi à dimanche,
celle là même qui avait entraîné la fin des négociations.
À 17 h 45, les dirigeants de
la Fédération ont fait voter par leur assemblée
une motion portant sur la version 13.5 du contrat
donnant à Montréal un ultimatum d'accepter cette
offre finale avant mercredi le 12 novembre à 13
h. Montréal 2006 fut extrêmement déçue. En toute
bonne foi, Montréal 2006 avait formulé une offre
finale à la FGG et cette dernière a choisi de
présenter à ses membres une offre qui avait déjà
été déclinée par Montréal 2006. Après avoir fait
tout en son pouvoir pour arriver à une entente,
Montréal 2006 a dû constater que les mécanismes
de contrôles financiers menaient inévitablement
à une rupture. Après toute la bonne volonté et
les efforts déployés, les négociations ont achoppées.
UNE CRISE D'UNE AUTRE ÉPOQUE
À la lumière de notre expérience
avec la FGG, il nous est clairement apparu que
l'avenir du mouvement sportif GLBT dépendrait
des difficiles décisions que nous avions à prendre.
Toutes les villes hôtes qui nous ont précédé nous
ont expliqué que la façon d'agir des dirigeants
de la FGG avait été une cause majeure de l'échec
de leurs Jeux. Les contrats avec Amsterdam et
Sydney, les deux dernières villes hôtes des Jeux
Gais, avaient aussi failli ne pas être signés.
Le problème majeur auquel Montréal 2006 à dû faire
face dans ces négociations a été le perpétuel
disfonctionnement à l'intérieur même de la FGG.
Cette dernière a présidé à quatre faillites consécutives.
Montréal 2006 a ainsi été coincée entre le passé
et le futur, tels qu'envisagé et décrit dans le
Plan Stratégique de la FGG déposé à Chicago et
qui exige encore plus de contrôles sur la ville
hôte. Avant d'accepter un tel plan d'une telle
rigidité bureaucratique, nous devions, en notre
âme et conscience, nous poser quelques questions.
Qui est la Fédération des
Jeux Gais ?
Lorsqu'on se réfère à elle comme
une fédération internationale, on pourrait à tort
conclure qu'il s'agit d'un organisme qui sanctionne
les épreuves sportives, qui offre des services,
et organise des événements afin de soutenir le
développement du sport gai durant les quatre années
qui précèdent les Jeux. Or, la FGG n'est ni un
organisme international, ni une fédération sportive,
ni une organisatrice d'événements car telle n'est
pas sa mission. Une fédération internationale
développe et sanctionne le sport dans le monde.
La FGG n'est pas une fédération sportive comme
telle car elle ne sanctionne pas les sports qu'elle
prétend réglementer. Elle n'est pas une organisatrice
d'événements car cette mission revient aux villes
hôtes.
Au fond, la FGG n'est que la
fondatrice et la détentrice d'une marque de commerce
appelée GAY GAMES. Les dirigeants de la FGG ont
développé une préoccupation plus grande pour la
marque de commerce que pour l'événement lui-même.
À titre d'exemple, il faut lire les recommandations
proposées cette année à l'assemblée annuelle.
Avec des droits très élevés, la FGG octroie à
une ville le mandat d'organiser les Jeux. La FGG
prétend représenter l'ensemble du mouvement sportif
GLBT sur la planète et en particulier ses athlètes.
Elle affirme aussi être guidée par les valeurs
de l'inclusion, de la participation et du dépassement
de soi. Or, nous constatons qu'elle n'est guidée
que par une seule motivation : contrôler l'événement,
et tel que précisé dans son Plan stratégique de
développement, n'a aucune vision des services
aux athlètes ou du développement sportif GLBT
à travers le monde. La FGG est une organisation
non démocratique, empêtrée dans de nombreux règlements
et règles de procédures et est dirigée par une
poignée d'individus obsédés par la sauvegarde
de leur vision des Jeux Gais. Il n'est pas possible
d'y exprimer des vues divergentes.
DERRIÈRE LES PORTES CLOSES
DE CHICAGO
Le leadership, la confiance
et le respect sont des choses qui se méritent.
Pendant deux ans, Montréal 2006 a démontré à la
direction de la FGG combien elle s'était engagée
sérieusement à livrer au mouvement sportif GLBT
le meilleur événement sportif et culturel possible.
Comme nous le déclarait un membre du comité organisateur
des Jeux précédents « avec toutes les énergies
que vous avez mises dans ce dossier, avec tous
les appuis que vous avez eus, avec un si solide
soutien financier, toutes choses que n'avaient
pas réussi à bâtir les villes précédentes, comment
la FGG a-t-elle pu vous traiter de la sorte ?
»
C'est une bonne question à laquelle
Montréal 2006 ne peut répondre qu'en examinant
les faits et gestes de la FGG, et ce n'est qu'ainsi
que l'on peut saisir la profondeur de la crise
que traverse cette organisation.
Par exemple, lors de la session
d'ouverture de l'assemblée annuelle à Chicago
(10 au 14 novembre 2003) en début de semaine,
la présidente de la séance fit une colère lorsqu'un
observateur prit le micro. Elle l'a apostrophé
en lui demandant s'il connaissait l'histoire des
trois singes - le singe qui regarde, le singe
qui écoute et le singe qui parle - en lui indiquant
bien par sa gestuelle que les observateurs étaient
confinés au rôle des singes qui « écoutent mais
ne parlent pas » ! Il est difficile d'accepter
ce genre de comportement de la part d'une personne
qui prétend représenter un nombre important d'athlètes
GLBT de la planète ! Et quelle fut la réponse
de ces observateurs qui ont acquittés les frais
nécessaires pour assister à l'assemblée et qui
représentent des organisations qui souhaitent
travailler au sein de la FGG dans l'avenir ? La
réponse de l'ensemble des observateurs fut claire
lors de la session suivante : ils arrivèrent tous
avec une banane dans leurs mains démontrant ce
qu'ils pensent de la FGG.
Malheureusement, ce genre d'attitude
fut chose courante de la part de la FGG durant
les derniers mois. Montréal 2006 fut en état de
choc lorsqu'un membre de l'équipe de négociation
de la FGG, fit des menaces verbales et écrites
à l'un de nos employés et à un de nos commanditaires
majeurs. La FGG, qui se prétend démocratique,
n'a eu aucune hésitation à interdire à Équipe
Montréal, non seulement de voter, mais aussi de
s'exprimer et de participer aux débats sur Montréal
2006. La FGG impose à ses membres de ne rien révéler
des sujets qui pourraient ternir l'image de la
FGG, lorsque ces derniers retournent à la maison
et font rapport à leurs propres membres. L'absence
de considération de la part de la FGG de ses propres
principes fondateurs a mené tout droit à la situation
de crise vécue à Chicago.
Difficilement, Montréal 2006
est arrivée à la conclusion qu'un partenariat
avec la FGG risquerait sérieusement de nuire à
la réalisation des VIIes Jeux Gais. L'incapacité
des dirigeants de la FGG de soutenir leurs propres
idéaux, leur manque de professionnalisme au sein
de l'organisation combiné au manque de respect
et de confiance pour leurs partenaires nous a
amené à cette difficile conclusion.
Les Jeux Gais existent, mais
le défi d'organiser des Jeux sans dépassements
budgétaires depuis les seize dernières années
a été un échec. Montréal, malgré tous ses efforts,
n'a pas réussi à convaincre la FGG que son plan
proposé serait un succès. Comme nous le soulignait
un délégué international « Il est probablement
temps que la FGG évolue et cesse contrôler l'organisation
des Jeux Gais et que la ville hôte, en l'occurrence
Montréal, soient l'unique responsable devant ses
partenaires et ses participants ».
L'AVENIR DU MOUVEMENT SPORTIF
GLBT
Il y aura, peut-être à l'avenir,
des Jeux Gais sous la férule de la FGG. Le fait
qu'il puisse y avoir deux événements concurrents
n'est pas dramatique en soi et ne divisera pas
nécessairement le mouvement sportif. Il existe
déjà plusieurs événements sportifs pour la communauté
GBLT dont, notamment les EuroGames, qui sont financièrement
viables et qui accueillent 5 000 athlètes. Le
monde du sport traditionnel est sollicité par
de multiples événements entre chacun des Jeux
Olympiques. Ce qui diviserait le mouvement, serait
de tenir deux événements exactement au même moment.
Il revient à la FGG de prendre la responsabilité
d'éviter cela et non à Montréal 2006.
Malgré les difficultés des dernier
mois, Montréal 2006 tourne la page et se projette
vers l'avenir : Rendez-vous Montréal 2006 - le
festival sportif et culturel de la communauté
gaie et lesbienne - se tiendra, comme prévu, du
29 juillet au 5 août 2006.
Nous avons déjà investi plus
d'un million et demie $ CAD dans la préparation
de ce qui pourrait être le meilleur événement
jamais vu dans le monde du sport et de la culture
GBLT. En 2006, grâce aux efforts de notre équipe
professionnelle et de bénévoles dévoués conjugués
à de solides appuis financiers, nous sommes en
mesure de présenter aux athlètes les meilleurs
Jeux Gais. Il y aura trente et un sports sanctionnés
qui bénéficieront d'infrastructures de grande
qualité, dont de nombreuses installations olympiques.
Montréal 2006 bénéficie aussi du soutien total
des gouvernements du Canada, du Québec et de la
Ville de Montréal. La Société Radio Canada, télédiffuseur
national, sera le premier réseau au monde qui
couvrira quotidiennement l'événement. En venant
à Montréal en 2006, les participants pourront
constater qu'il y a ici, au Québec, au Canada
et à Montréal, une société ouverte qui embrasse
la différence et où les GLBT disposent des mêmes
droits que tous les autres citoyens.
Des athlètes du monde entier
nous ont contactés pour partager leur inquiétude
face à la perte possible d'un événement qui a
changé leur vie. Les valeurs d'inclusion, de participation
et de dépassement de soi ne sont pas une marque
de commerce, mais des valeurs universelles qui
nous appartiennent à tous. Montréal 2006 s'engage
à offrir un événement sportif sans discrimination,
où les participants pourront vivre une expérience
mémorable et où la présence des communautés gaies,
lesbiennes, bisexuelles et transgenres sera célébrée
à travers le sport et la culture. Pour Montréal
2006, les athlètes et les participants culturels
sont notre priorité.
Au-delà de tout cela, Montréal
2006 doit prendre acte de la crise que traverse
la FGG. Le manque de vision et de leadership de
la FGG a créé un vide dans le mouvement sportif
GLBT international. À cause de ses position fermes
et des vraies questions soulevée sur l'avenir
du mouvement sportifs gai, Montréal 2006 est interpellée
par des athlètes, des équipes et des leaders de
la communauté sportives GLBT internationale, et
encouragée à participer à la création d'un avenir
meilleur. Nous sommes engagés à poursuivre ce
questionnement et à trouver des solutions viables.
Quel est le futur du mouvement sportif GLBT international
? Comment un organisme international s'y prend-il
pour maintenir et supporter la croissance naturelle
à laquelle fait présentement face le mouvement
sportif GLBT international ? De quelle façon peut-elle
soutenir adéquatement les sports et les athlètes
GLBT ?
En janvier 2004, Montréal 2006
accueillera des personnalités réputées du milieu
GBLT international. Montréal 2006 s'engage à assumer
le leadership qui mènera à la création d'une organisation
internationale qui sera démocratique, représentative
et dynamique et qui apportera finalement le support
aux athlètes et participants culturels du monde.
De plus, Montréal 2006 s'engage à vous informer
de tous le développements à venir. Si vous souhaitez
participer ou suivre les développements, nous
vous invitons à visiter notre site au www.montreal2006.info
et de devenir membre du Club
Montréal 2006 ainsi qu'à nous faire parvenir
vos commentaires à info@montreal2006.org.
Montréal 2006 vous invite à
bâtir cette nouvelle vision d'avenir. Dès maintenant,
Montréal 2006 va de l'avant. Les nouveaux Jeux
sont là.
Le Comité Organisateur de
Rendez-Vous Montréal 2006 |